lundi 30 juin 2008

M comme Monument des Crapouillots

(MAJ  mars 2013 )



- Monument érigé à la mémoire des artilleurs français de tranchées, tombés de 1914 à 1918 situé au Moulin de Laffaux, à proximité de la N2.

- Le monument reprend la forme de la torpille tirée par le crapouillot, ce mortier qui doit son nom à la courbe bien spéciale qu'empruntait son projectile et qui ressemblait au saut d'un crapaud. Il rend hommage aux 12 000 artilleurs de tranchée tombés de 1914 à 1918 sur les fronts de France et d'Orient.

- C’est l’unique monument rendant hommage à cette arme, vite oubliée avec la reprise de la guerre de mouvement et abandonnée après le conflit.
- Les anciens artilleurs de tranchées fondent donc deux associations qui réunissent des fonds pour l’ériger. On choisit l’endroit en fonction de sa situation géographique, de sa proximité avec Paris et en mémoire des combats de mai 1917. Le monument est inauguré une première fois le 24 septembre 1933, lors d’une grande cérémonie où les autorités sont présentes et où il est remis symboliquement au Souvenir français.
- Victime des bombardements en 1940, il est restauré et inauguré une deuxième fois le 22 juin 1958, en présence du ministre des Anciens Combattants Edmond Michelet.




- Le 7 juin 2007, le monument des Crapouillots est touché par la foudre et en grande partie détruit.
- Depuis 2011, il a été reconstruit et déplacé dans le cadre d'un aménagement complet de la zone de Laffaux, destiné à mettre en valeur les monuments rassemblés là lors de l’aménagement de la RN 2.




Septembre 2012

Février 2013


Source principale : Jean-François Jagielski, « Mémoire collective/mémoire individuelle : les monuments commémoratifs du Chemin des Dames après la guerre », in N. Offenstadt (dir.), op. cit., pages 284/285

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dimanche 29 juin 2008

B comme Bleuets

- Fleur symbole de la mémoire et de solidarité envers les anciens combattants et victimes de guerre.

- Le surnom de bleuet est donné aux soldats de la classe 1917 car ils n’ont pas connu le pantalon rouge mais seulement la tenue bleu horizon.

- En 2007, pour le 90e anniversaire de l’offensive Nivelle, le Conseil général de l’Aisne fait fleurir une bande de 12 mètres le long du Chemin des Dames, sur 20 km entre le carrefour de l’Ange gardien et Craonne.

(diaporama visible sur le Mémorial virtuel du Chemin des Dames)

samedi 28 juin 2008

C comme Chemin des Dames

(MAJ octobre 2010)





- « Beaucoup de soldats disent : ‟Je viens du Chemin des Damesˮ, et, croyez-moi, beaucoup sont incapables de vous expliquer ni de vous faire voir sur le terrain le Chemin des Dames. Ne croyez pas que ce fût une route nationale, ni même départementale, ni un grand canton, mais un étroit chemin de terre qui prend depuis l’église de Craonne et qui file sur Soissons. Il paraît que, jadis, une Dame de France (reine) est passée en carrosse accompagnée de sa cour. De là le nom de ‟Chemin des Damesˮ. » (Paul Clerfeuille, le 7 avril 1917, cité par R. Cazals)



- Route, lieu, lieu de mémoire, lieu de mémoires, symbole, etc.



- Long d’environ 30 kilomètres, le Chemin des Dames est aujourd’hui la D 18, qui relie la N 2 (près du calvaire de l’Ange gardien, à hauteur de La Malmaison) à la D 1044 à Corbeny.
- Il parcourt un plateau situé entre les vallées de l’Aisne, au sud, et de l’Ailette, au nord, avant de descendre vers Craonne puis la plaine de Reims.
- Par extension, il donne son nom à ce plateau et à toute la zone.


- Le Chemin des Dames doit son nom à Madame Adélaïde et ses sœurs, Sophie et Victoire, filles de Louis XV. Ces « Dames » se seraient rendues fréquemment au château de la Bove, acheté en 1776 par Françoise de Châlus, duchesse de Narbonne-Lara, dame d’honneur d’Adélaïde (et sans doute ancienne maîtresse de Louis XV). En fait, si la légende parle de « fréquents séjours », un seul est attesté en 1784.
- Toujours est-il que la duchesse de Narbonne-Lara utilise ce prétexte pour demander – et finalement obtenir – l’aménagement du vieux chemin qui parcourt le plateau et monte vers son nouveau château. Les travaux commencent en 1784 et ne sont pas achevés lorsque la Révolution commence ; il s’agit d’un « cailloutis » sur un hérisson de grosses pierres et non d’un chemin pavé comme certains le disent à la vue de la vieille route qui monte vers le château de la Bove, bien postérieure.
(pour tous les détails de cette histoire et des intrigues de la duchesse, lire la Lettre du Chemin des Dames n°10)


- Le Chemin des Dames connaît une histoire militaire riche et mouvementée. En 1814, Napoléon bat les Prussiens et les Russes à la bataille de Craonne, au prix de pertes terribles chez ses jeunes recrues, les « Marie-Louise ». En 1870, l’ensemble de la région est occupé par les Prussiens (souvenir encore présent chez beaucoup d’anciens en 1914).



- Jusqu’à la première guerre, la route n’est bordée d’aucun village (quelques fermes cependant : Panthéon, Hurtebise, etc.). L’instituteur de Braye-en-Laonnois en parle ainsi en 1888 : « Il n’existe guère dans nos contrées de route aussi peu fréquentée et aussi solitaire que le Chemin des Dames, et partant aussi triste ; pendant plus de six lieues on ne traverse aucun village et l’on ne rencontre que deux auberges où l’on puisse se désaltérer ou se restaurer. » (cité par Guy Marival)



- Le 31 août 1914, les troupes françaises doivent quitter les hauteurs du Chemin des Dames face à la progression allemande. Après la bataille de la Marne, Français et Anglais cherchent à récupérer les hauteurs du plateau, sans réussite (13-15 septembre 1914). La ligne de front épouse alors parfois la petite route déjà endommagée …

- En avril 1917, la zone du Chemin des Dames est le lieu central de l’offensive Nivelle, et le nom devient célèbre dans toute la France et parmi les combattants, d’autant qu’il figure dans les communiqué pendant plusieurs mois. Il est aussi associé aux mutineries qui éclatent à partir de la fin mai.

- Quand la guerre se termine, il ne reste évidemment plus rien de la route.
- « Cette trace de sentier, qu’on reconnaît quand même à son usure, bouleversé par les entonnoirs, c’est le Chemin des Dames. Cinquante mois on se l’est disputé, on s’y est égorgé, et le monde anxieux attendait de savoir si le petit sentier était enfin franchi. Ce n’était que ça, ce chemin légendaire : on le passe d’une enjambée… Si l’on creusait, de la Malmaison à Craonne, une fosse commune, il le faudrait dix fois plus large pour contenir les morts qu’il a coûtés. Ils sont là trois cent mille, Allemands et Français, leurs bataillons mêlés dans une suprême étreinte qu’on ne dénouera plus, trois cent mille sur qui des mamans inquiètes s’étaient penchés quand ils étaient petits, trois cent mille dont de jeunes mains caressèrent le visage. Trois cent mille morts, cela fait combien de larmes ? » (Roland Dorgelès, Le Réveil des morts)
Voir aussi, entre autres, les articles « nougat » ou "contraste"

- La route aussi est reconstruite, et moins « déserte » qu’avant 1914 : Cerny-en-Laonnois et plusieurs grosses fermes sont (re)bâtis en bordure et non sur les premières pentes (Malval, Poteau d’Ailles, La Malmaison, etc.)



- De nouveaux combats très violents ont à nouveau lieu sur le Chemin des Dames ou à proximité en mai 1940, à Hurtebise, près de Braye-en-Laonnois ou le long de la N2 entre autres.




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