vendredi 31 décembre 2010

D comme Desbordes (Jean)

- Soldat français
- 18 ? – 19 ?

- Jean Desbordes est mobilisé au 32e RI.
- C’était « un soldat qui accumulait les punitions. Déféré deux fois devant la justice militaire pour abandon de poste, rébellion et ivresse, il avait aussi été blessé deux fois et cité en mai 1916 [à Verdun]. » (Rolland)

- Le 9 mai 1917, après quelques jours dans le bois de Beaumarais, il monte en première ligne dans le secteur de Chevreux. Le commandant de sa compagnie n’étant pas avec ses troupes, il déclare : « Puisque le capitaine ne monte pas, moi non plus. » Desbordes retourne dans la tranchée du Négrier puis décide finalement de faire comme ses camarades ; mais il est pris de coliques et se retrouve enseveli (à ce moment-là !) par un obus allemand. Soigné, il rejoint sa compagnie au bout de 2 jours. Le 16 mai, reconnu malade, il ne suit pas les autres soldats et encourage un de ses camarades à en faire autant ; il insulte l’adjudant qui lui inflige 8 jours de prison pour ça.

- Déféré devant le conseil de guerre, il est condamné à mort ; mais sa peine est commuée en prison.



Source : Denis Rolland, La Grève des Tranchées, page 54

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mercredi 29 décembre 2010

C comme Chaouia



- Creute proche d’Oeuilly, dominant la vallée de l’Aisne

- Ce sont les Zouaves marocains qui occupent cette creute en avril 1917 qui la baptisent ainsi, d’après le nom d’une région du Maroc mais aussi du nom méprisant donné aux tribus arabo-berbères qui pratiquaient l’agriculture et l’élevage.

- La creute est transformée en poste de commandement (PC) par les Français du 6e régiment du Génie civil : des piliers maçonnés renforcent la carrière tandis que les trois niveaux de celle-ci sont transformés en dortoirs.

- La creute Chouia n’est aujourd’hui pas entretenue et subit les affres du temps et les dégradations des « visiteurs ».








Plus de photographies et détails sur :
http://ruedeslumieres.morkitu.org/espace_photos/france/pc_chaouai/index_carriere.html

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dimanche 19 décembre 2010

D comme Delvert (Charles)

- Enseignant français
- 1879 – 1940

- Professeur d’histoire à partir de 1901, Charles Delvert devient en parallèle lieutenant de réserve après son service militaire.
- Mobilisé au 101e RI, il obtient en 1915 le grade de capitaine. Après plusieurs blessures graves, il entre au GQG en août 1916.

- En avril 1917, il est affecté au 32e CA qui attaque dans le secteur de Sapigneul (il est sans doute situé à la cote 186, au-dessus de Cormicy). Dès 10 heures du matin le 16, Delvert constate le blocage face aux résistances allemandes.
- Il publie dès cette année-là Quelques héros, dans lequel il évoque notamment la prise de Loivre.


- Après la guerre, Charles Delvert reprend son métier de professeur tout en ayant une activité de journaliste et en écrivant des livres sur le conflit (il fait l’éloge de Témoins, de Jean Norton Cru). Il publie notamment en 1920 L’erreur du 16 avril, dans lequel il décrit minutieusement ce qu’il a vu depuis son poste le jour de l’offensive Nivelle.
http://www.association14-18.org/references/genealogie/delvertvscru.htm

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mercredi 15 décembre 2010

J comme Jutland


- Saillant situé à l’ouest du vieux Craonne, en bordure du village, qui tire son nom de la péninsule formant la partie continentale du Danemark.
- C’est le pendant du saillant du Tyrol, situé à l’est.

- Le saillant de Jutland, sur les pentes du plateau de Californie, est le premier obstacle que doivent affronter les troupes françaises des 1er et 201e RI qui attaquent dans le secteur de Craonne, le 16 avril 1917. Le saillant protège en effet la partie orientale de la tranchée du Balcon.
- Il offre une terrible résistance : « je ne puis presque rien faire pendant la journée du 18, ni celle du 19. Sur le front de combat il n’y a pas de changement et l’ennemi tenant toujours le sommet du saillant de Jutland, je ne puis aller inhumer nos morts en plein jour dans le ravin. » (Achille Liénart)

- Après plusieurs jours de durs combats, les Français parviennent à neutraliser le danger que représente le saillant, mais celui-ci reste une zone de combats pendant tout l’été.

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dimanche 12 décembre 2010

C comme Cote 132


- Hauteur située au nord-ouest de Crouy, en bordure du plateau traversé par la D1 (les cartes IGN actuelles indiquent une altitude maximale de 133 mètres)

(Vue de la cote 132 depuis les premières lignes françaises de 1914, avec en fond le bois contrôlé par les Allemands et, en arrière-plan, la ferme de La Perrière elle aussi entre leurs mains)


- Après les combats de septembre 1914, la cote 132 est divisée entre les deux armées. Les Allemands contrôlent le nord de la zone et le point le plus haut lui-même, parcouru par leurs tranchées ; les Français sont au sud, notamment dans les grottes du Petit-Bois. « La vallée de Crouy est dominée à l’ouest par un éperon appelé la cote 132, qu’une route à lacets, la route de Béthune, escalade de front. Au pied de la cote 132 passe la route de Maubeuge et le chemin de fer. Cette région remplie de grottes et de carrières était tenue solidement par l’ennemi ; là, en effet, se trouvait la charnière des positions allemandes. » (Historique du 60e RI)

(la cote 132: les tranchées françaises se trouvaient à gauche de la photographie; le chemin marque approximativement la première ligne)


- La cote 132 est le premier objectif de l’état-major français lors de la bataille de Crouy en 1915 : il s’agit de renforcer les positions de l’artillerie en rive droite de l’Aisne et de mieux contrôler les hauteurs au nord de Soissons. « L’échec de l’attaque du secteur Perrière-la Justice (12 novembre) démontre que toute progression au nord de Soissons est subordonné à la conquête de la cote 132 (plateau de Crouy) qui dès lors, devient l’objectif principal du 5e GDR. » (F. Beauclerc, op. cit., page 12)

- « Le mauvais temps empêche toute reconnaissance aérienne jusqu’au 8 janvier 1915, si bien qu’à l’aube de l’attaque, l’incertitude demeure sur le réseau défensif allemand. La zone d’attaque, présente l’aspect d’un plateau dénudé, couvert de chaume ou de betteraves pourries, légèrement ascendant vers les positions allemandes. » (F.B.)
- L’assaut est un succès dans un premier temps, la première ligne allemande n’offrant que peu de résistance, évacuée en grande partie. Dans la soirée, les Français ont bien pris pied sur la cote 132. « Les hommes ne sont parfois séparés des Allemands que par de simples talus ou des amoncellements de cadavres. » (F.B.) « Cette nuit a été effrayante, parce que nous étions exposés, sans défense, et dans la nuit, les impressions sont toujours intenses. On a su plus tard qu’on nous avait laissés là, en panne parce que les autres compagnies avaient rempli les tranchées conquises et qu’il n’y avait pas de place pour nous. Bref, à l’aube, nous entrons dans la tranchée allemande. » (lettre à sa femme de Henri Barbusse, soldat au 231e RI)


- Le lendemain, 9 janvier, les Français résistent aux tentatives allemandes : « une contre-attaque qui se massait sur 132 dans les tranchées, et dont on avait vu les baïonnettes, a été écrabouillée par groupe de 75 : pour une fois, le téléphone a fonctionné. Casques, fusils, bras et jambes sautaient en l’air par-dessus les tranchées … » (Paul Truffau, Quatre années sur le front. Carnets d’un combattant)
- Les troupes sont cependant usées car le terrain est difficile à organiser de façon défensive, notamment à cause des conditions météorologiques ; les relèves se font parfois dans de mauvaises conditions. De son côté l’état-major allemand s’accroche à cette hauteur, car sa perte remettrait en cause son attaque sur le plateau de Vregny voisin prévue pour le 14. La cote 132 devient donc le cœur de la bataille et décide du sort de tout le Soissonnais.


(Les vestiges de l'ouvrage "N", fortification allemande, et des réseaux de tranchées)


- Le 10 janvier, les Français reprennent l’offensive pour s’emparer de la ligne de tranchée « NOPQ » (du nom des ouvrages allemands qui la marquent, en bordure de plateau) et de la carrière Lombard, réserve essentielle pour les Allemands ; l’opération est une réussite, la maîtrise de la cote 132 est complète dans la soirée. Cependant, la prise de la hauteur n’entraîne pas le retrait espéré à Crouy, dans la vallée, ni une progression décisive (au total, l’avancée ne représente qu’un peu plus de 100 mètres).





- La maîtrise de la cote 132 est difficile : « Les hommes glissent, tombent, le canon du fusil se bouche, d’autres encore s’enlisent jusqu’au genou. Au bout de peu de temps, les mains souillées par la boue empêchent tout fonctionnement de la culasse, l’homme n’a plus que sa baïonnette » (JMO 109e brigade en date du 10 janvier 1915) ; « les tranchées allemandes de la cote 132 ne sont plus qu’un amas de boue encombré de cadavres, il est impossible d’y travailler utilement sous le bombardement. » (Lt-colonel Lejeune)

- Les difficultés du terrain ajoutées au manque de réserve en hommes et à un manque d’audace de certains officiers empêchent toute nouvelle progression française le 11 janvier, tandis que l’assaut sur le Chemin Creux, en contrebas, échoue.


- Si bien que le 12, ce sont les Allemands (désormais en position de force : leur plan d’attaque est prêt et la concentration de leurs troupes est achevée) qui reprennent l’initiative. Après avoir annihilé l’artillerie française du plateau de la Justice qui leur faisait tant de mal depuis quatre jours, ils passent à l’offensive sur la cote 132.
- Sous les coups des canons allemands, la grotte du Petit-Bois s’effondre et ensevelit l’état-major du 60e RI ; puis c’est l’assaut, qui leur permet une progression rapide et efficace malgré les pertes. En moins d’une heure, presque tout le plateau de la cote 132 est entre leurs mains.

(Vue du plateau de la cote 132, avec en fond les lignes françaises de 1914 et, dans le champ, les cheminées d'aération des champignonnières marquant l'emplacement de la grotte du Petit-Bois)

- Dans l’après-midi, ils poussent encore, notamment à l’ouest vers la ferme du Meunier noir, où quelques troupes françaises résistent finalement. A l’est en revanche, la cote 132 est évacuée et l’on se replie dans la vallée sur la route Crouy-Vauxrot. Le nombre de prisonniers français est considérable.


- Le 13 janvier, dans la nuit puis au petit matin, des tentatives de contre-attaques ont lieu, qui se soldent toutes par des échecs sanglants. Dans le même temps, l’essentiel de l’effort allemand se porte sur le plateau de Vregny, perdu lui aussi rapidement dans la journée.
- Dans la soirée, le repli sur la rive gauche de l’Aisne est ordonné. La cote 132 est entièrement aux mains des Allemands, et elle le reste jusqu’à leur repli sur la ligne Hindenburg (mars 1917).



- Depuis quelques années, un monument placé en bordure de forêt, sur la hauteur, rappelle les combats qui se sont déroulés en ce lieu et rend hommage aux unités françaises qui y ont participé.



A consulter: http://eperon-132-crouy.pagesperso-orange.fr/accueil_034.htm




Source principale : Franck Beauclerc, Soissons et la bataille de Crouy, éditions YSEC, 2009

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samedi 11 décembre 2010

E comme Etouvelles

- Village du sud-ouest de Laon, le long de l’Ardon et de la N2
- 210 habitants

- Avant 1914, Etouvelles est un village d’environ 120 habitants qui perd régulièrement de la population.
- Il est occupé par les Allemands pendant presque toute la durée de la guerre, relativement à l’abri des combats (si ce n’est lors de la reprise de la zone par le 355e RI, le 12 octobre 1918). Le 19 octobre 1917, la population est évacuée en prévision de la bataille de La Malmaison.

- Les destructions sont donc relativement minimes et la population augmente fortement après-guerre : 131 habitants en 1921, près de 160 dans les années 30.

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mercredi 8 décembre 2010

C comme Cartland (James)

- Officier britannique (et père d’écrivaine à succès …)
- Birmingham 1876 – Bois-des-Buttes 1918

- Fils d’un grand industriel (très actif dans le développement de Birmingham) dont il porte le même prénom, James Cartland est major au 1er bataillon du Worcestershire Regiment.

- Après plusieurs mois dans la région d’Ypres puis dans la Somme, le bataillon de Cartland arrive « au repos » en bordure de Miette au début du mois de mai 1918, éprouvé par les combats contre les Allemands du début du printemps.
- Le 27 mai, la brutale attaque allemande détruit le bataillon ; James Cartland est tué par tir d’obus aux premières heures du jour (il ne possède pas de sépulture connue ; son nom figure sur le mémorial de Soissons).


- Ses deux fils, John et James, meurent en 1940 lors de l’offensive nazie en direction des plages de la mer du Nord.
- Sa fille, Barbara, née en 1901, devient écrivain dans les années 1920 et se spécialise dans les romans sentimentaux avec beaucoup de réussite.



A lire
http://www.primrose-league.netfirms.com/cartland_files/cartland.html

Fiche de la Commonwealth War Graves Commission

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dimanche 5 décembre 2010

V comme Vauclair (Tourillon de)


- Lieu-dit qui marque l’extrémité occidentale de la tranchée du Balcon, au-dessus de Craonnelle. Il donne aussi son nom à une tranchée allemande qui prolonge la précédente vers l’ouest, en direction du moulin de Vauclair (un tourillon est un cylindre ; c’est un terme employé dans l’artillerie mais aussi dans l’optique ou la marine).

- Le tourillon de Vauclair est une position allemande sur les hauteurs du Ravin sans nom, leur permettant une bonne visibilité sur les assaillants français.

- C’est par là que le capitaine Battet, du 4e bataillon du 201e RI, parvient à s’infiltrer dans la tranchée du Balcon le 16 avril 1917 dans l’après-midi : les hommes partent à l’assaut « du Tourillon de Vauclerc qui n’est pas dans la zone d’action du régiment mais qui gêne sa progression parce que le 43e d’Infanterie l’a laissé à sa droite et derrière lui sans l’attaquer ni l’occuper. Au prix de pertes sensibles, la 14e compagnie s’en empare et s’y installe jusqu’au boyau de Stauffen dans la partie sud duquel il prend pied également » (JMO du 201e RI). A partir de là commence la conquête difficile de la tranchée du Balcon dans les heures suivantes …


- Le tourillon de Vauclair ne figure plus sur les cartes françaises après l’été (par exemple sur celui du 7e BCP en date du 10 septembre 1917).

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samedi 4 décembre 2010

Paissy (arbre)

- Arbre (aujourd’hui disparu) situé entre Paissy et le Poteau d’Ailles, sur la D 102, dans une légère courbe sur la droite en allant vers le Chemin des Dames (altitude 192 mètres). Il faut noter qu’il se trouvait un peu plus au sud de ce qu’indique les cartes IGN actuelles.

- « Le Chemin des Dames longe les champs de la ferme [de Paissy] ; et, au point culminant, un vieil orme, un « Sully », surveille le plateau. » On dit que l’Empereur, quittant le moulin de Craonne, à l’heure où les armées ennemies battaient en retraite, s’avança jusqu’à ‟l’arbre de Paissyˮ » (Gabriel Hanotaux, L’Aisne dans la Grande Guerre, page 50)

- Situé en secteur français, à proximité de la ligne de front, l’arbre de Paissy sert pendant toute la durée de la guerre de référence ou de point de repère aux deux armées. Même anéanti par les artilleurs qui se servent de lui pour orienter et régler leur tir, il continue de figurer dans les compte-rendus et dans les JMO (par exemple celui 218e RI en date du 31 octobre 1914 ou du 14 janvier 1915; celui du 123e RI en date du 22 avril 1917.

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mercredi 1 décembre 2010

J comme Jacobs (Josef)

- Aviateur (« As ») allemand
- Kreuzkappelle (Rhénanie) 1894 – Munich 1978

- Josef Jacobs devient pilote en 1912 et se porte volontaire lorsque la guerre commence. Après avoir menée des opérations de reconnaissance et d’observation, il devient pilote de chasse en 1916 ; surnommé « le Diable Noir », il remporte 48 victoires au cours de la guerre.

- Au début de l’année 1917, Jacobs arrive dans le secteur du Chemin des Dames. Il y aurait obtenu 12 succès jusqu’à son départ en août, mais seuls 3 lui sont officiellement attribués : deux avions à Cerny et Barisis (près de Saint-Gobain) ainsi qu’on ballon d’observation au-dessus de Laffaux, cette 5e victoire lui valant son titre d’ « As » et une promotion comme commandant d’une escadrille dans les Flandres. En juillet 1918, il obtient la médaille suprême de l’armée allemande, « Pour le mérite ».


- Après la guerre, il fonde sa propre société d’aviation ; refusant de collaborer avec les nazis, il s’enfuit aux Pays-Bas mais revient combattre dans la Luftwaffe (tout en étant opposé aux idées des dirigeants du Reich). Après 1945, il se consacre au sport dont il est passionné, notamment au bobsleigh.

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