dimanche 27 février 2011

Y comme Yser

- Fleuve franco-belge qui donne son nom à une creute et à un tunnel au Chemin des Dames.


- La creute de l’Yser est située au-dessus de la ferme de Cuissy, au sud du plateau de Paissy
- Les soldats français y séjournent fréquemment avant de partir en première ligne ou à leur retour des combats. C’est un véritable carrefour, lieu de passage obligé dans le secteur.





- Le tunnel de l’Yser, lui, se trouve à quelques mètres à l’est de Cerny, sous le plateau.
- Construit par les Allemands, il leur permet de ravitailler les premières lignes (tranchées de Franconie, de la Fourragère, de Dresde, etc.) de l’ouest du saillant de Deimling depuis les pentes proches de Cerny.
- Le 24 avril 1917, le 93e RI s’empare de la totalité de la tranchée de Dresde et donc de l’entrée sud du tunnel. L’attaque du 5 mai par ce même régiment est dans ce secteur un succès relatif puisque les consignes sont de s’emparer de l’intégralité du plateau, ce qui est fait avec à la clef un très grand nombre de prisonniers. L’entrée nord et le souterrain sont aux mains des Français, qui l’utilisent à leur tour pour ravitailler leurs troupes dans ce secteur très à découvert, où les abris naturels manquent.

- Le tunnel de l’Yser reste cependant un point disputé à cette entrée, d’autant que l’on trouve à proximité de celle-ci une creute bien placée.
- Le 28 juin dans la soirée, les Allemands lancent une attaque contre les positions du 72e RI après un intense bombardement. « Les Allemands réussirent à s’emparer des éléments français de la Grotte est puis avancèrent dans le Tunnel. Le Génie français dut faire jouer une mine entre les sorties 2 et 3. » Les deux armées se retrouvent donc dans l’ouvrage, séparée par un éboulis. Des combats se poursuivent pendant plusieurs jours, les uns essayant de reprendre ce qui a été perdu, les autres de poursuivre leur contre-offensive ; on s’affronte à coup de grenades aux sorties centrales du tunnel. Ce sont les Allemands qui parviennent à progresser lentement et rogner le saillant de Deimling. Le tunnel finit d’être détruit par les combats et devient inutilisable.




Quelques cartes issues des JMO :
99e RI en juin 1917
Idem
RICM en juin 1917

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vendredi 25 février 2011

C comme Champagne (creutes)

- Creutes situées au nord de Jumigny, à quelques hectomètres à l’est de la ferme de la Tour de Paissy.

- Toutes les unités françaises qui combattent dans ce secteur passent par ces lieux de cantonnement idéalement placées « où l’obscurité et l’humidité régnaient en maîtresses » (Historique du 52e RIC) mais bien protégées et proches des premières lignes.

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jeudi 24 février 2011

A comme Association Chemin des Dames


- Association créée en 1989 qui s’occupe de l’entretien et de la préservation de la carrière de Froidmont, au-dessus de Braye-en-Laonnois

- Elle est conçue au début des années 1980 lorsque l’on constate l’état de la creute, pillée, endommagée et remplie de détritus par ses « visiteurs ».
- La première tâche de l’Association a été de louer la carrière au propriétaire du terrain, puis de fermer toutes les issues. La carrière de Froidmont est classée aux Monuments historiques en 1994 grâce à ses membres.
- L’Association organise des visites sur demande.



Source principale : Lettre du Chemin des Dames n°6

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samedi 19 février 2011

T comme Terrasse (Jacques)

- Militaire français
- 18 ? – 19 ?

- Réserviste, Jacques Terrasse devient capitaine au 355e RI et le reste pendant toute la guerre, commandant de la 18e compagnie.

- En 1917, il participe d’abord à la poursuite des Allemands qui se replient sur la ligne Hindenburg dans le secteur de Vregny (fin mars). « On est bien épaté de cette histoire : les Boches qui déménagent sans tambour ni trompette. Ce n’est pas leur habitude. On est content évidemment de se dégourdir les jambes et de pénétrer dans le domaine mystérieux de ces messieurs. Mais qu’est-ce que cela veut dire ? On se méfie, on avance avec circonspection, bien que l’on ne rencontre pas de résistance. […] Y en a bon ! Mais notre allégresse est vite tempérée par le spectacle des destructions opérées par les Allemands. Les villages sont en ruine. Dans leur fuite, ils ont fait sauter tout ce qu’ils ont pu ; les caves elles-mêmes, tout ce qui peut servir d’abri est éventré, de gros entonnoirs de mines coupent les routes. Passe encore tout cela, c’est la guerre et ce n’est pas beau. Mais ce qui nous met dans une rogne noire, c’est de voir tous les arbres fruitiers ou autres systématiquement coupés ou entaillés à la hache. Seule, la rage froide de détruire a inspiré cette décision du commandement allemand, et ses troupes l’ont exécuté à la perfection. » (cité par G. Lachaux, op.cit., page 97)

- Après quelques jours de repos, Terrasse prend part à l’offensive Nivelle dans le secteur de Chavonne-Soupir. Le 355e RI progresse malgré la forte résistance allemande vers les Grinons puis Jouy et la ferme Hameret (20 avril).
- Relevé le 21, Terrasse revient en première ligne début mai autour de la ferme du Panthéon, d’où on aperçoit Laon si proche si lointaine …
- Il quitte le secteur le 23 mai.


- Le 13 octobre 1918, le capitaine Terrasse participe à la reprise de Laon.


- En 1964 est publié Avant l’oubli, l’histoire vécue du 355e Régiment d’infanterie. Grande guerre 1914-1918, mémoires de l’ex-capitaine Terrasse.





Source principale :
http://www.crid1418.org/doc/bdd_cdd/unites/DI127.html#RI355

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mercredi 16 février 2011

B comme Bastion Wolff



- Ensemble de tranchées françaises formant un lieu particulièrement fortifié, situé en première ligne à proximité de la Caverne du Dragon.
- Le Bastion Wolff est situé en avant de la première ligne française (tranchée de Tulle), formant un saillant en direction du Trou d’Enfer, sur les pentes du plateau de Paissy qui descendent vers La Vallée Foulon.

- Il fait partie d’un ensemble de plusieurs éléments du même type dans le secteur : juste derrière lui on trouve le Bastion Viala, puis le Bastion de la Bove qui lui sont reliés.

- C’est le point de départ des soldats qui partent à l’assaut du saillant de Cobourg, du trou d’Enfer et du Chemin des Dames le 16 avril 1917.




Voir par exemple :
JMO du RICM en date du 22 avril 1917
JMO du 123e RI à la même date

lundi 14 février 2011

L comme Larelle (Martial)

- Soldat français
- 18 ? – 19 ?

- Martial Larelle est soldat au 32e RI.
- A partir de février 1917, il est en retrait à proximité du Chemin des Dames. Mais son régiment n’est finalement pas engagé le 16 avril.
- Le 1er mai, il arrive dans le secteur de Beaumarais en vue de l’attaque sur les bastions de Chevreux.
- Dans la nuit du 7 au 8, Martial Larelle déserte (selon lui par peur). Condamné à mort, il voit sa peine commuée en emprisonnement.
- Il devient le plus vieux prisonnier pour cause de désertion puisqu’il n’est libéré qu’en 1933, beaucoup plus tard que tous les autres condamnés de la guerre.



Source : Denis Rolland, La grève des tranchées. Les mutineries de 1917, page 53

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samedi 12 février 2011

P comme Potsdam sous les chênes

- Poème de Bertolt Brecht (1927)

- Bertolt Brecht est mobilisé à 20 ans, en 1918, comme infirmier, alors qu’il mène des études de médecine. Il est, comme beaucoup, marqué par les horreurs qu’il voit tous les jours. Dès 1919, Brecht commence à écrire, ayant rompu avec son existence d’avant le conflit, notamment des écrits pacifistes (voir ici par exemple).


- Le poème « A Potsdam sous les chênes » paraît dans la revue Der Knüppel d’août 1927. C’est un texte antimilitariste, qui repose sur la promesse faite par le gouvernement allemand aux combattants de la première guerre : « A chaque soldat son chez soi. » C’est aussi un écrit politique puisqu’il oppose les classes sociales en appelant à la méfiance à l’égard des possédants.


- Le poème en allemand :

Zu Potsdam unter den Eichen

Zu Potsdam unter den Eichen
Im hellen Mittag ein Zug
Vorn eine Trommel und hinten eine Fahn
In der Mitte einen Sarg man trug.

Zu Potsdam unter den Eichen
Im hundertjährigen Staub
Da trugen sechse einen Sarg
Mit Helm und Eichenlaub

Und auf dem Sarg mit Mennigerot
Da war geschrieben ein Reim
Die Buchstaben sahen häßlich aus:
"Jedem Krieger sein Helm!"

Das war zum Angedenken
An manchen toten Mann
Geboren in der Heimat
Gefallen am Chemin des Damen.

Gekrochen einst mit Herz und Hand
Dem Vaterland auf den Leim
Belohnt mit dem Sarge vom Vaterland:
Jedem Krieger sein Heim!

So zogen sie durch Potsdam
Für den Mann am Chemim des Dames
Da kam die grüne Polizei
Und haute sie zusamm’.




- La traduction en français (trouvée ici) :


A Potsdam sous les chênes

À Potsdam sous les chênes par
Un clair midi tout un convoi :
Tambour devant, drapeau derrière,
Au milieu le cercueil porté.

À Potsdam sous les chênes par
Une poussière séculaire
Six hommes portaient un cercueil
Avec casque et feuilles de chêne.

Et sur le cercueil, au minimum,
On avait écrit une phrase
En caractères plutôt laids :
« À chaque soldat son chez soi ! »

Cela c’était en souvenir
De plus d’un homme tombé mort
Qui naquit au pays d’ici
Et mourut au Chemin des Dames.

Lui, du cœur, de la main, donna
Dans le panneau de la Patrie
Qui d’un cercueil le récompense :
À chaque soldat son chez soi !

Ils allaient ainsi par Potsdam
Pour celui du Chemin des Dames.
Alors vint la police verte,
Matraqua d’une poigne experte.



- A écouter ici (interprété par Ute Lemper)
ou ici

(le poème est mis en musique par Kurt Weill)




Source : Fred Fischbach, L’évolution politique de Bertolt Brecht de 1913 à 1933




Merci à Yves Fohlen pour l’inspiration …

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mercredi 9 février 2011

L comme Limousine

- Début février 1918, la 26e Division d’infanterie américaine s’installe entre Vauxaillon et Braye-en-Laonnois pour découvrir la vie et les combats dans les tranchées après plusieurs semaines de formation dans des camps militaires.


- Au bout de quelques jours, son chef, le général Clarence Ransom Edwards (surnommé « Daddy »), souhaite se rendre au P.C. du colonel Hume à Vaudesson. Son aide, le capitaine Simpkins, lui déclare pouvoir trouver l’endroit avec une carte et éviter le Chemin des Dames lui-même (trop dangereux car à la vue des artilleurs allemands), et tous deux embarquent à bord de la « grosse limousine » du général conduite par le sergent Shea.

- Mais le capitaine Simpkins a présumé de ses capacités, et l’automobile se retrouve sans l’avoir voulu sur la route tant redoutée. Dans un premier temps, les Allemands sont tellement surpris qu’ils ne réagissent pas ; puis ils ne se privent pas de déclencher un violent tir sur la limousine.

- Le général Edwards se penche en avant pour éviter les éclats et demander au chauffeur d’accélérer. Nul besoin : celui-ci n’a pas attendu les ordres pour avancer au plus vite. Quand on lui demande si les obus tombaient près de la voiture, le sergent Shea déclare : « Je ne sais pas vraiment. J’étais trop occupé à mettre les gaz ! »





Source : Harry Benwell, History of the Yankee Division, page 58

dimanche 6 février 2011

Z comme Zone rouge



- En 1919, le Ministère des Régions libérées, en liaison avec celui de l’Armée, établit par décret trois catégories de zones en fonction des dégâts subis pendant la guerre : jaune, bleue et rouge.
- La zone rouge est le nom donné aux terres jugées trop difficiles à réaménager après 1918 : présence de cadavres, de munitions non explosées, dégâts physiques majeurs. L’Etat les rachète à leurs propriétaires pour les conserver comme vestiges de guerre ou les confier à l’Administration forestière.

- Environ 120 000 hectares sont concernés, dans 13 départements : « les pays aplatis » (R. Dorgelès).
- « Un voyage à travers les régions dévastées de la France bouleverse la vue et l’imagination, plus qu’il n’est possible de le dire. Durant l’hiver 1918-1919, avant que la nature ait recouvert la scène de son manteau dissimulateur, on pouvait contempler l’effroyable grandeur de l’horreur et de la désolation causées par la guerre. Tout était détruit. Sur des kilomètres et des kilomètres, rien ne subsistait : aucun bâtiment habitable, aucun champ cultivable. La similitude des paysages était également frappante. Une région dévastée était en tout point semblable à une autre – un tas de gravats, un marécage de trous d’obus, des fils de fer entremêlés. La quantité de travail qui serait nécessaire à la reconstruction semblait incalculable. » (J.M. Keynes, Les conséquences économiques de la paix, 1920)


- Près de 19 000 hectares sont classés en zone rouge dans l’Aisne au moment du décret de 1919, avant que l’action des élus locaux et des propriétaires fasse tomber le chiffre à 2 740 hectares en 1922 :
La ville-au-Bois-les Pontavert est en zone rouge à 98%
Ailles à 73 %
Courtecon et Cerny-en-Laonnois à 53%
Craonne à 47%
Chevregny à 44%
Crandelain-et-Malval à 41%
etc.
(chiffres d’E. Roussel, 1923)

- La région du Chemin des Dames est en effet marquée par « l’ampleur concentrée des dégâts irréparables. » « Ainsi, les habitants ne sont pas là aux prises avec des soucis d’une nature différente d’autres lieux détruits : les problèmes à résoudre y sont plus ardus qu’ailleurs. » (F. Bouloc)


- Finalement, seuls 717 hectares demeurent en zone rouge après 1927 (autour de Craonne et du plateau de Californie essentiellement). Beaucoup d’agriculteurs parviennent à recréer des champs grâce à la nature des terres crayeuses de la région ; c’est notamment le cas de nouveaux venus, de Belgique ou des Pays-Bas par exemple, qui s’installent dans ces lieux jugés jusque-là trop hostiles.
- « Rien n’arrivait à décourager le nouveau fermier. Lorsqu’il avait vu remettre en culture les champs de la zone rouge,- cette zone que l’administration considérait comme morte, - les fonctionnaires du génie rural étaient venus le chicaner.
Vous n’aurez pas un sou de crédit pour ces travaux là. Il y a bien assez d’ouvrage ailleurs. Les instructions du ministère sont formelles...
Et l’un avait même ajouté :
- Nous avons assez de mal comme ça à délimiter une zone rouge.
Didier Roger ne s’était pas fâché. Un peu moqueur, il avait seulement demandé au plus malveillant :
- Vous n’exigerez pas que je remette les champs dans l’état où je les ai pris au moins ? C’est surtout à cause des obus que ça m’ennuierait.
Puis, s’adressant à un autre :
-Croyez moi, monsieur, votre zone rouge va fondre comme du sucre. Avant dix ans il n’en restera plus un arpent. Alors autant s’y mettre tout de suite. »

(Roland Dorgelès, Le Réveil des morts)




Source principale :
François Bouloc, « Le Chemin des Dames dans l’après-guerre, ou les enjeux de la reconstruction exacerbés », dans N. Offenstadt, op. cit., pages 255 à 269)

mercredi 2 février 2011

B comme Bounoure (Gabriel)

« Moi qui veille, j’admire ce sommeil semblable à celui du dormeur étendu sur le parapet qui borde un précipice. »

- Ecrivain français
- Issoire 1886 – Lesconil (Finistère) 1969

- Professeur de Lettres à Quimper en 1912, Gabriel Bounoure est mobilisé en tant que sous-lieutenant au 118e RI (22e DI) en août 1914. Il devient ensuite capitaine au 19e RI, dans la même division.

- Entre mai et septembre 1916, Bounoure est en secteur à proximité de Berry-au-Bac, après les durs combats de Verdun.
- Il revient dans la région fin février 1917, d’abord à Soissons puis en poursuite des Allemands en repli en mars. Le 30 avril, le 19e RI arrive autour d’Hurtebise et participe à la 2e phase de l’offensive Nivelle, les 5 et 6 mai. Il part en repos le 16.

- A partir de la mi-septembre 1917, Gabriel Bounoure ne quitte plus la région du Chemin des Dames (autour du Panthéon, puis à l’ouest vers Quincy-Basse, enfin à nouveau autour d’Hurtebise), sauf pour participer à la résistance contre les Allemands en Picardie fin mars 1918.
- Le 27 mai, il subit de plein fouet l’offensive de Ludendorff contre le Chemin des Dames et l’écrasement de son régiment, qui doit se replier dans la confusion vers Fère-en-Tardenois. Il écrit d’ailleurs un article dans la Revue de Paris (en 1921) sur « La 22e Division au Chemin des Dames ».
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k175785.image.f718.langFR.pagination
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k17579h.image.r=%22Gabriel+Bounoure%22.f34.tableDesMatieres.langFR


- Après la guerre, Gabriel Bounoure mène une carrière de haut-fonctionnaire, notamment au Proche-Orient, tout en écrivant des livres et des critiques. Il rejoint très tôt la France résistante (1941).

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