dimanche 28 avril 2013

K comme Koenig (Pierre-Marie)




- Militaire français
- Caen 1898 – Neuilly-sur-Seine 1970

- Pierre Koenig devance l’appel et s’engage en 1917. Les cours suivis à Issoudun lui permettent de devenir aspirant en février 1918 au 36e régiment d’infanterie.
- Le jeune homme subit les attaques allemandes des Flandres (avril) et du Matz (juin) avant de participer à la contre-offensive alliée dans l’Oise ; Koenig est promu sous-lieutenant.

- Le 28 septembre, le 36e RI, alors au repos, est envoyé à Sermoise lorsque l’on apprend que les Allemands se replient à nouveau. Le 2 octobre, il relève le 404e aux alentours de Vailly-sur-Aisne. A partir du 4, c’est l’assaut difficile et meurtrier du plateau du Chemin des Dames en direction d’Ostel puis de la ferme Froidmont, qui conduit jusqu’à l’Ailette le 10. Deux jours plus tard, le repli allemand s’accentue, et Laon est dépassé.

- Pierre Koenig choisit de rester dans l’Armée après la guerre, devenant colonel en 1940, au moment où il rallie la France libre et s’engage aux côtés du général de Gaulle.



Biographie complète
 
JMO 36e RI

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mardi 23 avril 2013

M comme Meule de foin



- Dans les premiers mois de la guerre, au moment de la stabilisation du front et de l’aménagement défensif des deux armées, les obstacles naturels ou humains non détruits en septembre 1914 servent d’abris ou d’observatoires. C’est le cas par exemple des meules de foin, la guerre ayant souvent surpris les agriculteurs en pleine moisson ; elles sont donc aussi des cibles pour l’adversaire.

- Suivons ainsi le 287e RI dans le secteur où Aisne et Vesle confluent, près de Chassemy.
- Le 7 avril 1915, «  à 4h50, un soldat allemand portant les insignes du 8e Régiment d’Infanterie de la Garde prussienne et prétendument égaré au cours d’une patrouille, s’est présenté devant le réseau de fils de fer de la compagnie F (20e Cie).
Ce soldat allemand a fait le geste ‟uber handˮ après avoir jeté son fusil.
Introduit dans nos lignes il a été interrogé sommairement en présence du Chef de bataillon et ensuite au bureau du Colonel commandant le secteur. Des réponses obtenues, il résulte que ce soldat est né en Russie, à Moscou, qu’il parle le russe. Il est sur le front depuis trois mois, est âgé de 22 ans. Il faisait partie d’une patrouille de dix hommes qui s’était partagée en 2 groupes de cinq pour se réunir en un point donné.
Sa déclaration la plus intéressante est celle d’où il résulte que l’allemand qui réussirait à incendier une meule, notamment celle de la Cie F (20e Cie) recevra 60 marks et la croix de fer. »




JMO 287e RI

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dimanche 14 avril 2013

S comme Sapinière(s)



1) Au singulier, la Sapinière désigne la position française renforcée située dans la partie occidentale du Bois-des-Buttes.

(Source fond de carte: IGN)
- Lorsque le front se stabilise, mi-septembre 1914, le secteur est majoritairement (ré)occupé par les Allemands malgré les nombreuses tentatives françaises de progression en direction du nord. Ils ne peuvent cependant pas pousser jusqu’à l’Aisne et, pendant plusieurs mois, le Bois-des-Buttes reste principalement aux mains des Français.
- Le 10 mars 1916, l’attaque allemande est une réussite ; la 55e DI doit céder mais reçoit pour ordre de s’accrocher à la Butte de l’Edmond et à la Sapinière à tout prix, ce qu’elle parvient à faire : le Bois-des-Buttes est donc divisé en deux, la majeure partie allemande, le réduit occidental français. Cette situation perdure jusqu’à l’offensive Nivelle, soit pendant un peu plus de 13 mois.
- On renforce la Sapinière, qui se retrouve en première ligne, avec à sa gauche les buttes Villars et Denain et à sa droite les liaisons avec les bois en Marteau et Clausade.
- C’est dans ce secteur que le lieutenant Paul Truffau (246e RI), débarqué après l’attaque allemande, passe plusieurs mois, citant les lieux à de nombreuses reprises dans ses carnets.

- Après avril 1917, les Français progressent au-delà de la nationale, ce qui ôte à la Sapinière son rôle essentiel de première défense.

(Carte dans le JMO du 23e BCP en juillet 1917 - source: SHD)




2) Au pluriel, les Sapinières sont une tranchée allemande située entre le plateau des Casemates et celui de Californie
- Cette tranchée est prolongée à l’est par celle de Von Fett, à l’ouest par la Grande Tranchée.

JMO 201e RI - source SHD

- Le 16 avril 1917, le 201e RI prend la tranchée dans la foulée de son avancée dans celle du Balcon, notamment grâce à l’action décisive du capitaine Battet. Mais les survivants du régiment ne peuvent s’y maintenir dans la soirée.

- Pendant plusieurs journées, les Français buttent sur la tranchée des Sapinières, bien alimentée en hommes frais par le tunnel qui la relie à l’arrière (tranchée de Troyes), et se prolongeait d’ailleurs jusqu’à celle du Balcon. Les 18 et 19 avril, le 33e RI prend et perd les Sapinières plusieurs fois, sans jamais pouvoir s’y maintenir.

- Progressivement, le grignotage français permet de prendre possession entièrement des hauteurs du plateau. Cependant, la tranchée des Sapinières reste au cœur des combats pendant presque tout le reste de l’année, jusqu’au repli allemand du 2 novembre ; elle est fréquemment reprise lors de coups de main, changeant de propriétaire pour quelques heures ou quelques jours, constituant aussi parfois la limite entre les deux armées (l’activité est particulièrement forte en mai et en juillet).

JMO 18e DI - Source SHD

La tranchée des Sapinières aujourd'hui

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samedi 6 avril 2013

L comme La Ville de Mirmont (Jean de)






« Cette fois mon cœur, c’est le grand voyage,
Nous ne savons pas quand nous reviendrons.
Serons-nous plus fiers, plus fous ou plus sages ?
Qu’importe, mon cœur, puisque nous partons !

Avant de partir, mets dans ton bagage
Les plus beaux désirs que nous offrirons
Ne regrette rien, car d’autres visages
Et d’autres amours nous consoleront.

Cette fois, mon cœur, c’est le grand voyage. »


- Homme de lettres français
- Bordeaux 1886 – Verneuil 1914

- Fin septembre 1914, le sergent Jean de La Ville de Mirmont quitte sa caserne de Libourne pour rejoindre le 57e RI (12e compagnie – 3e bataillon), fortement entamé par les combats des premières semaines de la guerre (925 hommes en tout constituent ce renfort).
- C’est un écrivain, déjà reconnu, auteur notamment de Les dimanches de Jean Dézert (1914) ou de L’Horizon chimérique (posthume).


- Le 28, il arrive à Fismes (où il cantonne dans une manufacture de chapeaux) avant, le lendemain, de rejoindre Cuiry-lès-Chaudardes où une exécution de soldat l’accueille. Il participe ensuite à l’aménagement du secteur de Craonnelle.

- Après quelques jours de repos à la mi-octobre, le 57e RI est envoyé autour de Moussy et Verneuil. Il subit l’attaque allemande sur Soupir début novembre : « Nous venons de passer des moments assez durs. Six jours de combat acharné, diurne et nocturne. Un instant j’ai bien cru y rester, mais c’était précisément le 4 novembre et je ne pouvais pas tomber pour ton anniversaire ; cela m’a rendu toute confiance. » (lettre à sa mère, le 6 novembre). Jean reçoit une citation à l’ordre du régiment le 6 : « Garde-la pour le cas où je recevrais du fer dans la peau, afin de prouver plus tard à la jeune Paulette que si son parrain cultivait nonchalamment les muses dans ses loisirs administratifs, il savait aussi se conduire en bon La Ville sur les champs de bataille. » (idem, le 10)


- Le 24 novembre, il rédige une dernière lettre à sa mère : « Je ne suis pas encore nommé sous-lieutenant, mais j’en remplis actuellement les fonctions selon le dernier remaniement de la compagnie. Je suis en bonne santé et d’excellente humeur, avec le seul regret de vous savoir inquiets et si loin de moi. Au fond, je suis le plus heureux de vous tous, car si je suis emporté, j’espère ne pas même m’en apercevoir ; si je suis blessé, je coucherai dans un bon lit et je serai soigné par d’aimables dames, et si je persiste tel quel, grâce à toi je n’aurais pas trop froid. Au revoir, ma chère maman, bons baisers à vous tous. Ton fils si loin et si près de toi – et sur qui veillent non seulement son étoile, mais toutes les étoiles du ciel. »

- 28 novembre 1914: nouvelle journée de « bombardement presque ininterrompu » (JMO). Jean est touché par un obus sur les pentes du mont de Beaulne. « On s’attendait à le trouver broyé. Or, il était entier et, le croirez-vous, debout. Enseveli sous des mètres d’argile, il était figé dans sa dernière attitude à la manière des habitants de Pompéi, saisis dans leur dernière activité quotidienne par la lave incandescente du Vésuve : le buste droit, la tête levée, les yeux ouverts, la baïonnette au canon et la musette au flanc, il s’apprêtait à bondir pour se battre. Il était comme empêché. C’est une vision qui, depuis, me hante chaque nuit. Un gisant en action, oui, c’est ça. » (J. Garcin)
- Il est transporté vers une ambulance mais ne peut être sauvé ; il décède dans les premières heures du 29.


- Jean est enterré au cimetière provisoire de Verneuil ; après la guerre, son corps est transféré à la nécropole de Cerny ; enfin, sa famille le récupère fin 1920. Sa tombe bordelaise est aujourd’hui très délabrée et abandonnée, tandis que celles de Cerny sont régulièrement entretenues et voient fleurir chaque année les sédums par milliers…





NB : En 2013, Jérôme Garcin lui consacre un livre qui mêle fiction et faits réels, Bleus horizons (Gallimard)


Citations issues de : Jean de La Ville de Mirmont – Œuvres complètes (Editions Champ Vallon, 1992)


(SHD)

(SHD)

Article de Guy Marival dans  la Lettre du Chemin desDames

Le blog du 57e RI, par Bernard Labarbe

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